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Festival
Georges Brassens |
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Si une colonie d’extra-terrestres
débarquait soudain sur notre chère boule bleue, et que
nous voulions faire bonne figure en leur montrant ce que nous avons,
jusque-là, fait de mieux, une fois camouflées les traces
de quelques années sombres et autres dictatures sanglantes,
nous serions fiers, sans doute, dans la séquence poésie,
de leur déclamer quelques alexandrins de Racine, un ou deux
sonnets de Ronsard, deux ou trois fables de La Fontaine ou encore une demi-douzaine de rimes de Lamartine.
Apollinaire et Hugo auraient certes une place de choix sur notre liste
mais les petits hommes verts seraient-ils satisfaits pour autant de
notre démonstration ? Pas sûr ! Pensez : venir de si
loin, il leur en faudrait pour leur argent... Ne menaceraient-ils
pas de retourner illico chez eux et de casser du sucre sur notre dos
à l’autre bout de l’univers si l’on n’était
pas capable de leur donner une autre preuve du talent de notre humanité
?
On avancerait avec orgueil quelques strophes de Rimbaud, un poème
d’Aragon ; un autre de Verlaine ; et Paul Fortaussi. En vrac,
on leur déclamerait du Baudelaire, du Nerval, du Desnos.
En désespoir de cause on scanderait de l’Éluard,
du Villon et quelques rondeaux de Charles d’Orléans...
À tue-tête on leur débiterait du Michaux,
du Queneau. Désespérés mais arrogants, on abattrait
la carte Boris Vian. Consternés mais insolents, on leur ferait
le coup de Jean Tardieu. En bombant le torse on leur chanterait du
Prévert...
Mais si devant leurs mines défaites (c’est bien connu, les extra-terrestres sont difficiles à contenter !), il fallait sur-le-champ abattre une ultime carte qui nous rende populaires au-delà
de notre galaxie, pourquoi ne pas tenter de leur assener le répertoire
de Brassens ? "Ah, ah, ah, ah, putain de toi !"
Il y a tout à parier que les petits hommes verts frétilleraient des antennes ! |
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